mardi 12 juin 2012

Oh, Donetsk, morne plaine...

Après une petite absence d'une dizaine de jours, il convient, avec le premier match de nos Bleus nationaux, de fournir une petite analyse des évènements, à mon sens bien des enseignements pouvant être tirés. Presque aucun n'est bon, en revanche...

Parlons d'abord de l'Angleterre. Effrayée par nos résultats grandioses contre les armadas estoniennes, serbes et islandaises, la perfide Albion réservait aux protégés de Laurent Blanc une tactique d'une pauvreté affligeante, à l'image de ce que Chelsea put fournir en Ligue des Champions. Un système défensif lorsque l'on ne sait pas être un tant soit peu solide, cela relève de l'hérésie que j'avais déjà exposé à l'occasion de la finale face au Bayern des Blues. Ajoutez à cela un Johnson incapable de défendre sur Ribéry (nous aurons, je l'espère, l'occasion de reparler de Smalling en équipe nationale, un jour...), un Terry à peine capable de relancer correctement et un Joe Hart décidément nerveux pour sa première dans une grande compétition, et vous avez là toutes les perspectives possibles d'une débâcle, au terme duquel une centenaire pourrait perdre son dentier en vous crachant à la figure de dépit.

Au moins, cela a le mérite de la clarté...

Offensivement ? Orphelins de Rooney, les milieux anglais offrirent pourtant une prestation convenable compte tenu de leur manque d'ambition, Parker et Gerrard octroyant de nombreux ballons de qualité à Milner, lequel manqua simplement de la jugeote nécessaire pour contrôler avant de redresser sa frappe, ayant dribblé auparavant Lloris, ainsi qu'à Welbeck, Young et Chamberlain. Ce dernier presque jamais présent sur son aile, comme la tradition regrettable de ces faux ailiers nous y mène. Un joueur d'une misère technique et tactique terrifiante à mon goût, et Wenger le comparait à Young...

Les français maintenant. Une formation à première vue alléchante fut gâchée par énormément d'imprécisions et de désobéissance aux consignes de plusieurs joueurs. Cela n'est pas nouveau, notamment provenant de cette fameuse "génération 87". Un jour, il faudra comprendre que ce fléau n'est qu'un mirage et l'effacer prestement de nos rêveries.

A l'arrière, Debuchy, comme toujours, se montra très volontaire, n'ayant de cesse de monter sur son flanc déserté par Nasri (ou Ribéry ? Qui peut savoir...) pour délivrer ses centres...à Joe Hart, Benzema s'étant décidé à nous faire une Anelka dans ce match, comme dans tous les autres. Demeure que la première fonction d'un latéral est la contention de l'ailier adverse. Il est heureux que Chamberlain soit médiocre dans ses bons jours. Car cette aile gauche n'était que trop souvent désertée. A gauche, Evra ? Piètre lorsqu'il se présentait aux 30 mètres adverses, grotesque lorsqu'il s'agissait de défendre sur un Milner pourtant vraiment pas en verve, l'on commencer à s'y habituer, Laurent Blanc aussi. Au point de se satisfaire de la charnière. Lorsque j'ai entendu cela, j'ai manqué avaler ma langue, la recracher, la mettre au micro-ondes pour la replacer, afin de m'assurer que tout cela n'était pas un fantasme sado-masochiste. Car entre un Mexès à l'embonpoint pesant mais correct sur les quelques interventions qu'il eut à traiter (pourtant, Welbeck, un instant...) et un Rami dont le statut de cadre à Valence en dit long sur la culture défensive espagnole, car incapable de relancer décemment sans perdre la possession de la sphère auparavant, l'on ne peut guère être "satisfait" de telles prestations. Si la France va en quarts, au moins deux buts lui seront marqués, indifféremment par l'Italie, l'Espagne ou la Croatie. Pourra-t-elle en inscrire 3 ? Rien n'est moins sûr... Alors faudra-t-il se reposer sur un Diarra auteur de son unique prestation décente depuis plusieurs mois et d'un Cabaye qui finira par être exclu à force de ne gagner les duels qu'au coude ? Oh sort cruel, hasard qui s'est substitué au destin...Si jamais destin il y eut.

Ashley Cole doit avoir Jack l'Eventreur et l'assassin de la rue Morgue pour ancêtres. Impossible d'expliquer autrement le peu de tentatives françaises sur son aile, à l'exception de Debuchy, lequel n'avait strictement rien à faire là. Nasri peut insulter dans un accès de paranoïa staliniste les membres de la tribune de presse ayant osé émettre l'hypothèse qu'il n'était pas le génie autoproclamé, du bas de son banc mancunien, son but est extrêmement chanceux, à l'instar de celui de Benzema contre l'Estonie, et, hormis cela...rien. Absolument rien. Ce qui est le constat général de cette France en attaque. Benzema jamais dans la surface hormis sur les corners, Ribéry incapable de lever la tête pour donner la baballe, et, en fait...et bien c'est tout ! A moins de considérer les frappes de loin synonyme d'impuissance de Cabaye et les passes à 5 mètres de Malouda, l'activité offensive française pouvait se comparer à celle de la Pologne dans le premier match. Et encore, Lewandowski est à mes yeux très supérieur à Benzema dans un tel schéma...C'est dire.

Le plus regrettable dans tout cela n'est pas la prestation d'ensemble de cette "équipe" de France très limitée, mais le fait qu'au fond, tout cela était prévisible. Ces 11 joueurs se sont comportés exactement comme ils l'ont toujours fait, avec plus ou moins de réussite. Rami n'a jamais été un gage d'assurance, Debuchy a toujours eu tendance à excessivement se livrer, Evra n'a jamais été bon, Diarra fut supérieur aux attentes, Ribéry n'a jamais été altruiste, Benzema jamais été un attaquant de surface/pointe, Nasri jamais autre chose qu'une diva en équipe de France. Un jour, il faudra remettre en cause tout cela. Un jour, il faudra s'apercevoir que les 3 milieux axiaux sont excessifs, qu'un Malouda peut être sacrifié à un Giroud en pivot, encore pour cela faut-il que les autres joueurs soient disposés à lui distiller quelques passes bien senties. Avons-nous un seul centreur correct hormis Debuchy dans cette équipe ? Ma foi, oui, Sur le banc. Et même sur le terrain, si l'on parvient à faire comprendre à ces faux ailiers que ceci est leur devoir, le refus d'obtempérer étant puni de perte de statut. Notre sélectionneur n'a pas, dans son arrogance doménechienne, cette conviction. Il ne croit pas pouvoir échouer, parce qu'il est Blanc. Le fascisme n'est déjà pas une grande réussite, mais lorsque l'autorité et la maîtrise des évènements vous font défaut...

Petite projection pour finir : admettons que l'Ukraine, survoltée par sa victoire contre la Suède et son héros (ce terme est amplement mérité pour un joueur totalement détruit physiquement en club) Shevchenko, ne perde pas contre les français lors du second match. Il sera alors impératif de l'emporter face aux suédois. Cela est dans les cordes de toute bonne équipe de cet Euro. La France est-elle cette bonne équipe ? Réponse en quarts, pour noter sa présence...ou son absence.

5 commentaires:

  1. Beaucoup de vérité mais aussi de la dureté dans tes propos! En mon sens, Ribéry, qui ne passe pas toujours son ballon, a souvent bien raison! Dans une équipe qui se veut jouer à l'espagnole mais sans la vitesse et le mouvement qui va avec, heureusement que ce dernier reste présent pour être dangereux avec ses dribbles! L'un des rares français à avoir montrer de l'envie c'est lui...j'y ajoute Debuchy très actif offensivement (il avait de toute façon peut à faire défensivement), Diarra le meilleur joueur français et Mexes a quand même tenu la défense centrale pour deux...
    Enfin pas un mot sur Lloris? Pour moi il est en partie coupable sur le but anglais...pas de sortie sur un centre lointain qui atterrit aux cinq mètres...
    Et Laurent Blanc évidemment...pourquoi faire rentrer Marvin Martin à la place d'un Giroud? Qu'espérait-il avec ce système en 4-6-0? Ou 5-5-0, puisqu'il m'a semblé que Benzema devenait défenseur...
    Je suis tout à fait d'accord pour Cabaye (j'ai attendu le carton moi aussi, ça en devenait l'unique suspense du match), Evra (catastrophe), Malouda et Nasri (qu'ont-ils apporté?).

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    1. Si encore Ribéry parvenait à quelque chose dans ses dribbles, nous nous accorderions certainement. Mais à peine a-t-il effacé un joueur qu'il veut en dévorer un second, puis un troisième...et n'y parviendra jamais contre une défense même tout juste correcte que chaque équipe de cette Euro est capable de proposer. Contre la Suède à la rigueur, équipe extrêmement limitée en terme de vitesse de course, et encore, Lustig à droite est le moins lent d'entre eux...
      Debuchy a eu la chance de se voir opposer un abruti congénital incapable d'attendre le ballon dans son dos et préférant l'agresser en "défendant" sur lui. Ce ne sera pas toujours le cas, tous les joueurs de football n'ayant pas la bêtise tactique des gunners.
      Diarra a été excellent dans son rôle...et a démontré que 3 relayeurs, c'est 2 de trop, du moins dans ce système. Il faut lui reconnaître cela, tu as raison. Sauf sur le but...
      Difficile de sortir lorsque la mêlée fait rage et que le joueur au marquage est le plus grand de l'effectif, le plus performant également sur coups de pieds arrêtés. En tant que gardien, Lloris se devait de lui faire confiance. Mais son hésitation entre ces 2 rôles de sortie/attentisme est à blâmer. Car elle lui a fait perdre son explosivité sur l'arrêt, laquelle n'a pas manqué à Hart quelques minutes plus tard, même si sur le but, là encore...
      Cette culture de gagner sans véritable avant-centre amenée par la hype barcelonaise me fatigue. Barcelone a produit (dans tous les sens du terme) un titan aussi bien physiquement que techniquement parlant, appelé à être le meilleur au monde dans ce système. Nous n'avons pas de Messi, l'Espagne non plus. Tout comme en 2008 et 2010 nous n'avions plus de Zidane.
      Merci pour ce tout premier commentaire sur ce blog, enfin un brave pour m'éviter de me sentir trop seul ici :).

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  2. Nous sommes donc d'accord, j'ai donné un jugement positif à Ribéry car même s'il a beaucoup échoué, il était le seul à tenter...
    Par contre nous restons en désaccord sur Lloris. Lorsqu'un gardien sort, sur corner ou coup-franc, la plupart du temps, c'est dans la "meute". Et Lloris est connu pour son courage face au contact donc je pense qu'il a simplement commis une erreur de jugement. Je suis peut-être subjectif quant à l'implication de Diarra dans le but, étant donné qu'il m'a étonnamment impressionné...

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