dimanche 24 juin 2012

La nation bafouée

Il est de ces trépas qui vaudraient renaissance, croyance inaliénable en la grâce du destin. De ces étés trop doux, héritiers d'un aurore bourgeonnant, récoltant la splendeur au coeur de la misère. Las, si misérables ils furent, nos guerriers démontrèrent qu'en France, rien ne va, et la lueur éclatante se fit pâle et lointaine aux murmures des cithares de la mélancolie. De ces joueurs médiocres, tel Nasri le Magnifique gratifiant avec majesté et finesse les maigres cancrelats que sont ces journalistes osant donner leur opinion, à son encontre de surcroît, et ce sans l'accord du Maître du Jeu, il faudra discourir. Privons-les de l'honneur de l'aînesse en ma prose et votre lecture, et analysons ensemble les adversaire rencontrés :

L'Angleterre refusa le jeu. Faute de la confiance nécessaire suite aux multiples échecs rencontrés face aux bleus d'antan, la perfide Albion crut au spectre angoissant digne d'Alfred Hitchcock. Cette rencontre ressemblait étrangement à celle ayant débuté la "campagne du bus" (n'est pas maquisard qui veut) contre l'Uruguay. Alors, Mexique/Afrique du Sud, plus ou moins forts qu'Ukraine/Suède ?

L'Ukraine se reposait sur un seul homme. Lequel ne peut désormais proposer les délices de son touché délicat plus d'une fois par semaine, tant le grand os vital le trahit lorsqu'il prétend s'y voir tenté. Alors, pour ce seul bon match, unique éclaircie d'un mauvais Caravage, l'on entendit chanter les héros d'un soir. La grandeur de ces gueux fut balayée par la suite. J'y viens.

Les suédois étaient éliminés, et défendirent haut leur honneur. Ils ne bradèrent pas leur talent, leur hargne, leur volonté, leur passion. Les géants du froid occirent si aisément nos vils mutins que bien vite fut contée le désastre à venir, lequel en fut "normalisé" (je hais ce terme, héritier d'une tradition techniciste prétendant à l'absolu sociétal ; un jour, peut-être, ma plume sera-t-elle serf d'un autre assemblage sans ordre, équivalent politico-économique au présent : cela, malgré tout, est un autre sujet. Mais, qui sait...), bref, normalisé disais-je, et d'aucuns pourraient croire à une préméditation, tant le manque d'implication était évident dans cette rencontre. Alors qu'à mes yeux les italiens sont tellement supérieurs aux amis du Capricorne...

Alors, que dire de cette Espagne ? Je ne connaissais pas Jordi Alba avant cet Euro, et n'ai jeté qu'un regard méprisant à cette sélection vêtue du rouge de la honte perpétuelle, du sang encore chaud de la dignité et de l'authenticité perdues à jamais par ces laquais d'Europe. Jordi Alba, donc. Le néo-barcelonais a ma foi toute la panoplie de la Barbie Salope. Battu, il se jette, glousse, et fait voir jaune à ses concubins. Mais je suis injuste en traitant un homme dans la multitude à son image. Busquets, Arbeloa, Ramos, ces fameux récupérateurs de génie, sevrant de ballons l'opposant. A ceux qui moquent et travestissent la souffrance de la sorte, l'on ne peut que la leur souhaiter.

Bon, il me semblait devoir vous entretenir du Coq, et j'ai malencontreusement trébuché sur l'Ane. Revenons à l'animal méritant citation. Il a manqué du courage, de l'abnégation, du collectif, un véritable travail de l'ombre : jeu sans ballon, passes courtes, précises et vives, peu de touches de balle, une véritable percussion. Je dois avouer que seul Ribéry faisait illusion dans ce registre. Mes excuses à l'anonyme qui se reconnaîtra, car si essayer n'est pas réussir, échouer n'est pas renier. Et c'est cela, avant tout, qu'il faut pointer dans cette fausse équipe, scindée entre une défense pitoyable, bien que le sénateur Mexès fut projeté du parloir au banc quand un Koscielny prometteur le croisait sur le chemin de l'ombre au ver luisant, mais accompagné tout de même d'un des plus grands simplets de l'histoire de la sélection (pouvant notamment expliquer l'utilisation altruiste des primes touchées par les joueurs, il faut occuper ce pauvre garçon), un milieu d'étoiles que l'on aurait surnommées naines blanches si Valbuena s'y était substitué, tant leur glas n'a, finalement, jamais été qu'une question de minutes, et un attaquant...attendez, Nicolas Anelka à l'antenne. Oui, pardon Nicolas, un attaquant-récupérateur, crucial dans le football moderne dans l'optique de ne PAS marquer de but, héritier d'une nouvelle école de pensée prônant la réussite dans l'échec, le bac avec 2 de moyenne pour intégrer X, la chasse d'eau raffluant les douceurs d'une journée de labeur, la calculatrice affirmant que 2+1=6,55957, la coloscopie avec une caméra dirigée vers le proctologue...Ah, ces sophistes ! Et leur chaman guère supérieur au précédent, avec son regard fier et sa prétention sans limite ! Quelle est belle, cette France de Valmy, de Verdun, de Vic...euh non pas la lettre V, j'achète un M, tous comptes faits, cette France de madame Michu donc, qui n'a pas perdu son chat, puisque ce dernier est demeuré tout ce temps dans les crocs de la tondeuse à gazon (comprenne qui pourra). Bref, j'en perds mon latin, mon français, mon volapuk. Ces joueurs sans éducation, sans talent, sans rien, osèrent en sus de cela prétendre à plus que l'opprobre populaire, le roi Samir avant eux. Moins fringant que le cultissime "Yipi Ka-Yé, mother fucker !" de la saga Die Hard, l'insulte fut égérie du périple de ces incapables : grotesque, sans sens, sans goût, perdu au fond de l'abysse des désirs oubliés. Je maudirais volontiers celui qui désira ceux-là...

Pour terminer, il me faut honorer Lloris et Cabaye lesquels furent seuls à paraître impliqués et de qualité dans l'effectif. Peut-être le second n'a-t-il pas voulu participer à la mascarade suédoise. Le premier la retardant de longues minutes...

A vous les studios !

mardi 12 juin 2012

Oh, Donetsk, morne plaine...

Après une petite absence d'une dizaine de jours, il convient, avec le premier match de nos Bleus nationaux, de fournir une petite analyse des évènements, à mon sens bien des enseignements pouvant être tirés. Presque aucun n'est bon, en revanche...

Parlons d'abord de l'Angleterre. Effrayée par nos résultats grandioses contre les armadas estoniennes, serbes et islandaises, la perfide Albion réservait aux protégés de Laurent Blanc une tactique d'une pauvreté affligeante, à l'image de ce que Chelsea put fournir en Ligue des Champions. Un système défensif lorsque l'on ne sait pas être un tant soit peu solide, cela relève de l'hérésie que j'avais déjà exposé à l'occasion de la finale face au Bayern des Blues. Ajoutez à cela un Johnson incapable de défendre sur Ribéry (nous aurons, je l'espère, l'occasion de reparler de Smalling en équipe nationale, un jour...), un Terry à peine capable de relancer correctement et un Joe Hart décidément nerveux pour sa première dans une grande compétition, et vous avez là toutes les perspectives possibles d'une débâcle, au terme duquel une centenaire pourrait perdre son dentier en vous crachant à la figure de dépit.

Au moins, cela a le mérite de la clarté...

Offensivement ? Orphelins de Rooney, les milieux anglais offrirent pourtant une prestation convenable compte tenu de leur manque d'ambition, Parker et Gerrard octroyant de nombreux ballons de qualité à Milner, lequel manqua simplement de la jugeote nécessaire pour contrôler avant de redresser sa frappe, ayant dribblé auparavant Lloris, ainsi qu'à Welbeck, Young et Chamberlain. Ce dernier presque jamais présent sur son aile, comme la tradition regrettable de ces faux ailiers nous y mène. Un joueur d'une misère technique et tactique terrifiante à mon goût, et Wenger le comparait à Young...

Les français maintenant. Une formation à première vue alléchante fut gâchée par énormément d'imprécisions et de désobéissance aux consignes de plusieurs joueurs. Cela n'est pas nouveau, notamment provenant de cette fameuse "génération 87". Un jour, il faudra comprendre que ce fléau n'est qu'un mirage et l'effacer prestement de nos rêveries.

A l'arrière, Debuchy, comme toujours, se montra très volontaire, n'ayant de cesse de monter sur son flanc déserté par Nasri (ou Ribéry ? Qui peut savoir...) pour délivrer ses centres...à Joe Hart, Benzema s'étant décidé à nous faire une Anelka dans ce match, comme dans tous les autres. Demeure que la première fonction d'un latéral est la contention de l'ailier adverse. Il est heureux que Chamberlain soit médiocre dans ses bons jours. Car cette aile gauche n'était que trop souvent désertée. A gauche, Evra ? Piètre lorsqu'il se présentait aux 30 mètres adverses, grotesque lorsqu'il s'agissait de défendre sur un Milner pourtant vraiment pas en verve, l'on commencer à s'y habituer, Laurent Blanc aussi. Au point de se satisfaire de la charnière. Lorsque j'ai entendu cela, j'ai manqué avaler ma langue, la recracher, la mettre au micro-ondes pour la replacer, afin de m'assurer que tout cela n'était pas un fantasme sado-masochiste. Car entre un Mexès à l'embonpoint pesant mais correct sur les quelques interventions qu'il eut à traiter (pourtant, Welbeck, un instant...) et un Rami dont le statut de cadre à Valence en dit long sur la culture défensive espagnole, car incapable de relancer décemment sans perdre la possession de la sphère auparavant, l'on ne peut guère être "satisfait" de telles prestations. Si la France va en quarts, au moins deux buts lui seront marqués, indifféremment par l'Italie, l'Espagne ou la Croatie. Pourra-t-elle en inscrire 3 ? Rien n'est moins sûr... Alors faudra-t-il se reposer sur un Diarra auteur de son unique prestation décente depuis plusieurs mois et d'un Cabaye qui finira par être exclu à force de ne gagner les duels qu'au coude ? Oh sort cruel, hasard qui s'est substitué au destin...Si jamais destin il y eut.

Ashley Cole doit avoir Jack l'Eventreur et l'assassin de la rue Morgue pour ancêtres. Impossible d'expliquer autrement le peu de tentatives françaises sur son aile, à l'exception de Debuchy, lequel n'avait strictement rien à faire là. Nasri peut insulter dans un accès de paranoïa staliniste les membres de la tribune de presse ayant osé émettre l'hypothèse qu'il n'était pas le génie autoproclamé, du bas de son banc mancunien, son but est extrêmement chanceux, à l'instar de celui de Benzema contre l'Estonie, et, hormis cela...rien. Absolument rien. Ce qui est le constat général de cette France en attaque. Benzema jamais dans la surface hormis sur les corners, Ribéry incapable de lever la tête pour donner la baballe, et, en fait...et bien c'est tout ! A moins de considérer les frappes de loin synonyme d'impuissance de Cabaye et les passes à 5 mètres de Malouda, l'activité offensive française pouvait se comparer à celle de la Pologne dans le premier match. Et encore, Lewandowski est à mes yeux très supérieur à Benzema dans un tel schéma...C'est dire.

Le plus regrettable dans tout cela n'est pas la prestation d'ensemble de cette "équipe" de France très limitée, mais le fait qu'au fond, tout cela était prévisible. Ces 11 joueurs se sont comportés exactement comme ils l'ont toujours fait, avec plus ou moins de réussite. Rami n'a jamais été un gage d'assurance, Debuchy a toujours eu tendance à excessivement se livrer, Evra n'a jamais été bon, Diarra fut supérieur aux attentes, Ribéry n'a jamais été altruiste, Benzema jamais été un attaquant de surface/pointe, Nasri jamais autre chose qu'une diva en équipe de France. Un jour, il faudra remettre en cause tout cela. Un jour, il faudra s'apercevoir que les 3 milieux axiaux sont excessifs, qu'un Malouda peut être sacrifié à un Giroud en pivot, encore pour cela faut-il que les autres joueurs soient disposés à lui distiller quelques passes bien senties. Avons-nous un seul centreur correct hormis Debuchy dans cette équipe ? Ma foi, oui, Sur le banc. Et même sur le terrain, si l'on parvient à faire comprendre à ces faux ailiers que ceci est leur devoir, le refus d'obtempérer étant puni de perte de statut. Notre sélectionneur n'a pas, dans son arrogance doménechienne, cette conviction. Il ne croit pas pouvoir échouer, parce qu'il est Blanc. Le fascisme n'est déjà pas une grande réussite, mais lorsque l'autorité et la maîtrise des évènements vous font défaut...

Petite projection pour finir : admettons que l'Ukraine, survoltée par sa victoire contre la Suède et son héros (ce terme est amplement mérité pour un joueur totalement détruit physiquement en club) Shevchenko, ne perde pas contre les français lors du second match. Il sera alors impératif de l'emporter face aux suédois. Cela est dans les cordes de toute bonne équipe de cet Euro. La France est-elle cette bonne équipe ? Réponse en quarts, pour noter sa présence...ou son absence.

mercredi 30 mai 2012

Les échecs se jouent sur 64 cases et, à la fin, ce sont les indiens qui gagnent

Il le sait, l'aboutissement d'une vie s'est refusée à lui, pour quelques poignées de secondes qu'il n'a su amadouer par sa maîtrise. Ce départage, empli de tension traîtresse, de malchance et de cruauté aura finalement puni le challenger Boris Gelfand dans sa quête d'une gloire légendaire qu'il aura frôlé, au terme d'un combat que la bravoure n'a jamais déserté, à celui que tous, et moi le premier, avaient condamné à la damnation aux mains du géant indien lui faisant face. Le colosse s'est affaissé. Une fois en parties lentes. Et il s'en fallut de si peu pour que trébucher devint tomber, et partir pour l'éternité...

La première partie du départage (ô ironie passionnée que de lui octroyer un tel nom !), conforme à la physionomie précédente du match, vit une Semi-Slave à l'avantage du champion du monde, doté des noirs, profitant d'une imprécision coupable de son rival (a4 ? laissant le pion b3 en prise). Pourtant ce dernier, pitbull à l'infini, retourna la situation, manquant d'ambition au moment d'une prise de risque qui, alors, aurait pu se révéler salutaire. La pression à la pendule d'Anand n'était alors qu'embryonnaire. La gestation s'achevait.

Et dans cette seconde joute une Rossolimo vit le jour. Dans une variante fascinante, l'indien échangea promptement les dames pour obtenir une pression durable dans le milieu de jeu à matériel réduit résistant, emportant un pion par la suite. A défaut de la précision adéquate, cependant, le danger s'approcha, et la liquidation suivant apporta une finale Tour+Cavalier+Pion contre Tour+Fou. Nulle ? Las ! Gelfand, poussé au vice par le sablier du glas, ne sut défendre comme il se le devait, victime finalement d'une transposition dans une finale permettant une manœuvre triomphante classique en Tour+Pion contre Tour. Je dois avouer qu'alors je ne pensais pas l'israélien capable de survivre à la partie suivante. Et pourtant...

Une nouvelle Semi-Slave, sans simplification cette fois, et une très mauvaise gestion stratégique de la part du champion en titre. Pressant parfaitement, Gelfand aurait dû récolter les fruits de son travail, de sa carrière, à cet instant précis. Un simple échange intermédiaire et une pièce, soit la partie, lui aurait été offertes. Cette opportunité manqué le hantera sans doute longtemps. Par la suite la défense pleine de sang-froid du favori lui rapporta un demi-point salutaire avant l'ultime combat, avec les blancs. Une sinécure ? Oh non !

Entrant immédiatement dans une finale légèrement inférieure, Anand considérait sans doute un tel bastion infranchissable. L'envahisseur fut pourtant proche de triompher de l'assiégé, le contrôle des évènements lui échappant à nouveau faute de temps. L'indien demeure un fantastique joueur de rapides, peut-être le meilleur au monde, et il sut saisir sa chance de simplifier dans une nouvelle finale de Tours, nulle celle-là. Et un challenger valeureux, impressionnant de volonté, de talent, fit jour la perte d'aura d'un très grand champion du présent. Pour combien de temps encore ? Le prochain séisme lui sera certainement fatal, si tel Lasker et Fischer il ne tente pas de céder le titre par forfait...

Hier s'est achevée en grande pompe la rencontre des pays frères Ukraine et Pologne à Lublin, des rapides et blitz étant proposés, chaque joueur voyant ses couleurs inversées par rapport au tirage précédent. Les ukrainiens l'emportèrent à nouveau, de 2 points, soit moins que les 4 unités précédemment concédées par les polonais. Les scores individuels favorisent Sergey Fedorchuk, auteur de 4 points sur 5 dans les parties lentes et Anton Korobov, pour un même résultat en parties rapides. Nul doute que le premier bénéficiera de cet excellent résultat dans l'optique d'une place de remplaçant en équipe nationale. Rappelons tout de même que l'Ukraine compte Ivanchuk, Ponomariov, Moiseenko et Volokitin à plus de 2700, ceci nonobstant un Eljanov récemment encore dans le top 15 mondial. Pas facile d'être citoyen de la 2ème nation échiquéenne mondiale. Et si, peut-être, un jour, la France, dont il est résident...oubliez ce que j'allais dire.

vendredi 25 mai 2012

La rançon de la gloire

L'équipe olympique ukrainienne est en mal de renaissance, la formation conçue depuis Ponomariov n'ayant guère permis à la nation entre deux mondes d'espérer l'avènement d'un pareil titan. Quelques excellents combattants d'open, certes, mais point de charisme digne d'un tournoi fermé d'envergure.
En de telles circonstances, les jaunes et bleus s'en vinrent défier leurs voisins polonais, en leur terre sacrée de Lublin.
Seront proposés chez les ukrainiens : Efimenko, Kryvoruchko, Korobov, Fedorchuk, Zherebukh.
Le dernier, benjamin du groupe, est certainement le meilleur espoir depuis plusieurs années, s'étant illustré lors de la dernière Coupe du Monde, éliminant notamment Mamedyarov, et à Cappelle la Grande, qu'il remporta en solitaire.. Souvent excellemment préparé, il est à suivre.
Quant aux occidentaux de l'épreuve, le soleil illumine Bartel, Socko, Macieja, Miton et Swiercz.
Là encore, le plus jeune et champion du monde junior 2011 de l'équipe polonaise aura clairement sa carte à jouer, l'opposition entre les deux espoirs promettait beaucoup. De fait, elle a eu lieu aujourd'hui.
La compétition se déroule en Round Robin, chaque polonais affronte chaque ukrainien, les couleurs étant distribuées par nation. L'Ukraine aura les blancs lors des rondes 1,3,5.

Première ronde à l'avantage évident des ukrainiens, Efimenko triomphant dans une partie très complexe de Swiercz, Fedorchuk matant Socko dans un Dragon avec Cd4 et Fe6 (sans pour autant avoir jamais semblé connaître la position à compter de son 11ème coup, dépensant 30 minutes pour celui-ci...), Zherebukh dans une variante d'ordinateur de Française d'Avance valorisant sa qualité devant Bartel, Korobov s'avouera cependant vaincu dans un gambit dame longtemps à son avantage face à Macieja, l'ultime joute étant couronné d'un partage combatif. Mêlez enjeu et volonté, et vous obtiendrez systématiquement de tels résultats. Nul règlement ne transformera la nature même d'un homme veule, la loi n'étant pas la morale.

Aujourd'hui, seconde opposition, encore une fois la victoire fut jaune et bleue, d'un point seulement cependant, Zherebukh craquant dans une position favorable contre son rival futur Swiercz. Dans les autres parties, Fedorchuk, encore en crise de temps au 20ème coup, réalise une bonne nulle contre Bartel, Macieja étant sévèrement puni pour son roi déroqué par Efimenko, Korobov matant Miton en finale dans une partie maîtrisée parfaitement et Kryvoruchko sauvant une parité qui aurait pu être plus pénible dans une finale inférieure contre un Socko pour l'heure en forme déplorable.

La suite demain, avec le retour du championnat du monde de concert.

Je m'étais dans un post précédent sévèrement érigé contre les efforts destinés à soutenir financièrement de manière outrancière les joueuses d'échecs face à leurs rivaux du sexe fort. L'un de mes arguments consistait en la diminution du mérite particulier et de l'effort consenti par chaque compétitrice due à l'opulence. Peut-être, compte-tenu de la révélation de la journée, me suis-je fourvoyé. Voir la meilleure joueuse française depuis plusieurs décennies, doté d'un titre de GM, devoir monnayer son talent auprès d'une émission sous-intellectuelle, faisant honte à la plus primaire tentative d'expression réfléchie, est définitivement à regretter. Rappelons que cette émission approcha précédemment Tkachiev et Mazé, le premier recalé du fait de son "accent trop prononcé" (comment, ils sauraient additionner deux et deux ?!?), le second refusant dignement. Car il s'agit bien de dignité en la matière, Marie Sebag ne pouvant être l'étendard fier de notre discipline dans un tel monument à la gloire de la pire misère créative depuis Bo le Lavabo de Vincent Lagaffe. Et si encore ce talent était directement la cause de la démarche commercialo-débilitante de notre première chaîne nationale... Ici, le cliché sera usé et ré-usé, "l'intello à lunettes un peu timide" pervertie en "joueuse d'échecs autiste et prétentieuse" lorsque le secret sera découvert. Un océan de larmes de colère devant une telle méprise de notre passion serait bien tôt asséché par le furieux billet bariolé. Si seulement le commerce d'ineptie n'était que l'apanage de sieurs ineptes...

mercredi 23 mai 2012

Le retour du patron ?

Voici la forteresse noire dont Gelfand a tenté d'expugner le champion en titre. Pourtant, dans l'ouverture, l'indien encore imprécis était en danger face à la paire de fous du challenger, lequel s'est précipité, par "excès de prosaïsme" dirons-nous, sur l'échange de Tour et Cavalier pour une Dame finalement bien impuissante à apporter de nouveau le leadership dont l'israélien a si cruellement besoin. En conservant les pièces plutôt que se ruer par c5, Gelfand avait tout le temps de mettre en valeur ses deux pions c et d dans une Nimzo-Indienne bien négociée de sa part, et bien rare de la part d'Anand, en mal de plan défini et d'une symbiose de ses figures en conséquence. Finalement, une nulle assez tranquille pour l'indien, lequel disposera à 2 reprises des blancs pour les 3 dernières parties. Peut-être, sans doute, l'heure de la curée...

Revenons sur la partie d'avant-hier, dont je n'ai pas fait état précédemment. Mené d'un point, le probable retraité en cas d'issue défavorable n'a pas semblé faire grand chose pour provoquer une victoire-éclair dont il fut pourtant bénéficiaire, dans un nouveau système avec f3, lequel lui avait offert ses meilleures chances de gain dans la 3ème partie. Troquant pour Grünfeld Est-Indienne, Gelfand offrit très rapidement le point entier, manquant de précision dans la contention de l'initiative adverse (laquelle fut développée par un bon plan et une manœuvre importante dans cette variante par Cec3, délayant le mouvement de son comparse équestre), et, de manière très surprenante, perdit la dame (en réalité au minimum une pièce, laquelle aurait fait penché une balance sur laquelle une qualité supplémentaire pour le challenger trônait), par l'enfermement fort classique Df2 avec sa rivale noire en h1. Déconfiture pour le héros de la veille, lequel n'a pas tenu la pression inhérente à un tel évènement. Le match avançant, la victoire d'Anand demeure de mon côté une certitude, de par le manque d'expérience du challenger en terme de championnat du monde proprement dit. Mais ce champion fragile ne sera pas longtemps roi dans ce monde de princes héritiers.

Un match en 2 parties rapides a opposé ce jour et la veille la championne du monde et future meilleure joueuse de tous les temps (il lui faudra dépasser la grande Judit Polgar pour cela, nul doute qu'un tel sacre ne traînera guère) à la GM lituanienne et ex-épouse d'Alexei Chirov Victorya Cmilyte, en Corse.
Il est bien regrettable d'observer majoritairement ces évènements au sein de l'île de Beauté, pour les nostalgiques entre autres des championnats du monde de Lyon et Belfort. Qui sait, un jour, les grands tournois français retrouveront leur superbe perdu l'on sait où...
Reprenons le cours de la rencontre. Victorieuse hier d'une partie avec les blancs extrêmement tendue, devant faire face à un sacrifice de pièce très à propos, la chinoise résista solidement pour peu à peu monter un roi blanc vaillant jusqu'au couronnement, pour finalement avoir raison de son opposant. Menée d'un point, son adversaire a tout tenté dans la phase retour, mais n'avait simplement pas les armes pour troubler une joueuse d'un autre calibre. C'est fort magnanimement que cette dernière lui accordera le partage du point avec une pièce de plus. Seuls les esprits médiocres jouissent de l'humiliation lorsque celle-ci se révèle parfaitement inutile. Bravo à la chinoise pour avoir résisté à la tentation, croisant les pas d'un Kasparov rayonnant octroyant à son sujet Vachier-Lagrave un identique denier dans des circonstances similaires. Voici donc ce dont sont capables les joueuses d'échecs, semblerait-t-il...

lundi 21 mai 2012

Des prémisses du succès ou de l'infortune

Énorme surprise hier, et bouleversement de mes prévisions, ayant affirmé que Gelfand ne s'imposerait pas une seule fois dans ce match. Et, très sincèrement, le déroulement premier de cette partie ne m'incitait pas aux tremblements nerveux pour l'indien, habituellement si solide depuis quelques années que les six parties précédentes n'avaient pas démenti. Peter Leko et Anatoly Karpov aux commentaires semblaient proprement estomaqués qu'Anand puisse être vaincu "aisément" dans une telle configuration, légèrement inférieure, mais rien de grave. Pourquoi n'a-t-il pas échangé une paire de tours en c2, relâchant la tension ? Jouait-il pour l'emporter, perdant ainsi toute lucidité ? Lui seul le sait. Et ce résultat surréaliste lance un nouveau match, désormais en 6 manches, la première remportée par l'israélien donc. Je ne le crois malgré tout pas capable de tenir. Si tel était le cas, alors le niveau d'Anand aurait clairement faibli, plus encore que je ne le croyais, et certaines rumeurs font état d'une retraite anticipée du roi s'il perdait sa couronne. Pour n'en point devenir fou...

Montpellier l'aura finalement emporté, malgré une ambiance déplorable à l'Abbé Deschamps, les héraultais auront vaincus non sans souffrance, conformément à mes pronostics. Je signe donc un score personnel de 6 sur 10, même si tout le monde s'en fout.
Belles performances de Nice, Ajaccio, et Brest pour se sauver, et c'est finalement Caen qui monte dans l'ascenseur, en espérant le revoir l'an prochain. A mon sens, la sensation principale est corse, je n'aurais jamais imaginé ces derniers capables de l'emporter à Toulouse étant donné le jeu immonde dont nous avons tous fait les frais, ne l'emportant que dans une enceinte tenant davantage du Jardiland que de la pelouse sportive, pour ne pas parler du Vietnam et de l'Indochine.
Comme promis, une réflexion sur les échecs féminins sera fournie ici, avant tout scalpage impromptu félicitons d'abord les demoiselles l'ayant mérité par leurs exploits.

Débutons par Irina Krush, nouvelle championne des Etats-Unis, vainqueur en départage d'Anna Zatonskih. Lors de la première confrontation, elle a proprement puni le jeu aventureux avec net désavantage au temps de sa rivale, prenant un point solide avec les noirs. La phase retour, cependant, fut bien moins claire, Anna pouvant gagner une Tour en un coup intermédiaire (Dxf1+ suivi de Fc2) pour préférer transposer dans une finale supérieure, qu'elle mena à son terme jusqu'à ce qu'elle...rendit la politesse à son adversaire, laquelle s'empara prestement de l'offrande, provoquant la reddition immédiate de sa rivale. Rappelons que ces deux joueuses sont 2450...

Natacha Benmesbah est elle championne de France de parties rapides, étant la seule à mon sens à avoir proposé des échecs de qualité acceptable dans cette optique. Tout au long des retransmissions successives, de nombreuses pièces furent offertes en un ou deux coups, des parties remportées en vingt sans pour autant une démonstration implacable du camp vainqueur...Soyons magnanime, ces prestations n'ont pas été majoritaires, loin de là. Mais ont concerné chacune des joueuses de tête, et pas toujours dans le bon sens...

Ces faits de jeu, que l'on ne saurait généraliser tant l'erreur est humaine et non question de genre, sont toutefois malheureux à l'heure du bref bilan que j'entends dresser, et d'une proposition alternative me semblant, à tout le moins, digne d'être lue. A vous de le confirmer ou l'infirmer, entre tous les posts que j'ai pu rédiger depuis une semaine et la naissance de ce blog, j'attends ici le plus de réactions. Une seule me suffisant, car vous avez tous été bien timides pour le moment...

Déroulons ceci sous forme de débat d'antagonistes. Je serais mon propre avocat, et dépêcherais les arguments classiquement appliqués dans de tels circonstances. Je lance donc. Au nom de quel supériorité ou du moins différenciation peut-on affirmer que la femme et l'homme ne peuvent concourir dans les mêmes compétitions ? Non, cela est inexact, les dénominations des compétitions étant féminins et mixtes, ajoutant à cela des titres exclusivement attribués au beau sexe (Maître féminin, Grand Maître féminin, et même Maître Fide féminin) à un classement inférieur à leurs équivalents masculins. Il s'agit donc bien d'une ascendance affirmée. Pourquoi cet état de fait ?

L'argument habituellement d'usage ici est la motivation des jeunes femmes peu concernées par le jeu. Admettons en premier abord qu'il soit vrai, j'y reviendrais par la suite. En quel honneur devrait-on favoriser le jeu des femmes, davantage que celui des vétérans, des jeunes ou d'autres "minorités sociales" ? Pour conserver la cohérence, il faudrait assurément proposer une rétribution sonnante et trébuchante en faveur de ces catégories. C'est déjà le cas pour les vétérans, mais ces derniers, lorsqu'ils sont capables d'obtenir un prix, ont assurément la passion blanche et noire bien incrustée dans leurs veines. En revanche, les jeunes se voient promettre un voyage à l'étranger pour...jouer un autre tournoi. Hors les championnats féminins ne permettent ni n'empêchent la qualification aux joutes européennes et mondiales. Cela est une profonde injustice à mes yeux, par souci de cohérence, si l'on entend sélectionner par le sexe, du moins faudrait-il ensuite œuvrer par la qualité (non pas la qualité de celui-ci, je vous vois venir...). L'on pourrait accroître l'équivalence aux ethnies...cela s’appellerait racialisme, quand bien même la mesure précédente n'est pas sexiste pour les penseurs de notre temps. Qui pro quo, dites-vous ?

Là n'est pas mon propos principal, bien qu'il ne me paraisse (à tout seigneur tout honneur) pas absurde. Je voudrais ici développer une autre vision malheureusement minoritaire : de telles dispositions ne sont PAS favorables aux joueuses d'échecs. Les échecs féminins tuent les joueuses d'échecs de haut niveau. Explication dès alors.

Judit Polgar, la meilleure joueuse de l'histoire (bien que la jeune Hou Yifan entende briguer cette marche également) n'a jamais participé à un tournoi féminin. JAMAIS. Lors d'interviews réalisées auprès d'elle, il ressort principalement cette idée que l'opposition n'aurait pas eu d'intérêt, qu'elle ne voulait pas limiter celle-ci. C'est une facette du prisme. Il y en a tellement d'autres...

Il est très fréquent d'observer le phénomène suivant : une joueuse évoluant à un bon niveau avant ses 20 ans (2200-2300 minimum, en France Guichard, Milliet principalement, Krush) ne progressera presque plus par la suite. Je considère que cela est dû à l'opulence assurée par les conditions favorisant le status quo au sommet des échecs féminins, celle-ci étant par ailleurs profondément injuste. N'aurions entendu les prix qu'en fonction du niveau, ceux réservés au défunt National B n'auraient pas représentés la moitié de son équivalent féminin.

Car, stratégiquement parlant, quel intérêt aurait une joueuse raisonnablement classée, jeune, poursuivant ses études ou menant d'autres passions, à travailler davantage, à poursuivre plus avant, puisque quoi qu'il en sera elle disposera de prix féminins dans les tournois, et pourra disputer l'ensemble des joutes féminines avec une chance décente d'emporter un prix convenable (plus que convenable aux Etats-Unis, j'ai bien failli m'étouffer lorsque j'ai appris que ces deux jeunes femmes à moins de 2500 allaient combattre pour 18000 dollars. Vous avez bien lu. 18000 dollars.) Le calcul coût-bénéfice à effectuer est donc bien souvent défavorable à la compétitrice, laquelle se contentera donc d'une progression faible voire nulle, quand ses collègues masculins (Fargère, Edouard, Wirig par exemple) engrangeront une double centaine de points dans les 5 ans suivant. Une compétition plus rude provoque et allèche une volonté plus puissante. Si l'on veut des échecs féminins forts, il faut une concurrence forte. Et quand bien même les femmes feraient l'objet de quolibets durant leurs oppositions aux hommes (ce qui n'est que très rarement le cas, pensé-je), ceux-ci devraient accroître leur force naturelle, le jeu d'échecs récompensant les compétiteurs les plus à même de braver les obstacles parmi nous. Il ne s'agit pas uniquement de talent. Ou de manque de talent, puisque c'est ce qui est sous-entendu. Les femmes ont un rôle à jouer aux échecs. Cessons donc de les favoriser pour mieux les ostraciser. Ou bien nous contentons-nous de la quantité au détriment du talent. Retour à la pensée sur l’iniquité entre les minorités échiquéennes exprimée plus haut.

Un ultime effet pervers est ressenti et très souvent corollaire de la discrimination positive : la fragmentation de l'exercice du jeu, ou minoritarisme (néologisme, quand tu nous tiens !), plus simplement, l'affirmation identitaire d'une minorité par le rejet de l'autre. Ici donc, de nombreuses joueuses d'échecs de bon niveau (2400-2500) évoluent majoritairement contre d'autres femmes, et leur classement, à l'instar de leurs titres, ne sont que "féminins". Comment voulez-vous réclamer le respect, la tolérance et le mérite dans ces conditions ? L'exemple de Kosteniuk me paraît le plus à propos, notamment au travers d'un championnat de Paris qu'elle avait disputée en 2009 me semble-t-il. 

Pour résumer, 3 oppositions fortes me semblent naturelles au système actuel : l'opposition à l'iniquité de traitement, celle à la séparation pleine de sous-entendus nauséabonds renforcée par les mesures sans cesse accrues (l'Accession féminine, sérieusement...), et enfin celle à la primauté du nombre sur le meilleur. Car, encore une fois, si la valeur n'attend point le nombre des années, il ne faut certainement pas priver la prodige de volonté par une aisance trop hâtive. C'est dans la lutte que le joueur d'échecs, et l'humain par extension, se découvre. Que l'humain ne devienne pas homme, rejetant l'une des richesses de l'existence échiquéenne à la femme. Je ne suis pas sexiste, machiste, ou tout autre terme dont certains voudront peut-être m'affubler. Je crois en un talent échiquéen omniprésent, en une capacité égale d'hommes et femmes à truster les plus hautes sphères. Mais jamais cela n'arrivera si de telles préemptions demeurent. Ces aides mesquines se prétendant assistances ne sont que des entraves à leur liberté.





A vos réactions, commentaires, le sujet en vaut la peine, et je n'attends que d'être démenti par des arguments forts et plein de conviction dont, j'en suis certain, vous êtes capables !





dimanche 20 mai 2012

Du chevalier à la charrette




1Montpellier Hérault79372476663333 
2Paris Saint-Germain763722105734033 
3Lille713720116683830 
4Olympique Lyonnais643719711614714 
5Girondins de Bordeaux583715139503911 
6AS Saint-Etienne57371691247425 
7Stade Rennais57371691248444 
8Toulouse FC563715111137325 
9Evian TG503713111354540 
10Olympique de Marseille483712121345405 
11AS Nancy Lorraine45371112143744-7 
12Valenciennes FC4037117193749-12 
13OGC Nice3937912163543-8 
14FC Lorient3937912163447-13 
15FC Sochaux3937109183960-21 
16Stade Brestois3837717133038-8 
17SM Caen3837911173856-18 
18AC Ajaccio3837814153861-23 
19Dijon FCO363799193858-20 
20AJ Auxerre3437713174555-10 

Voici donc le classement de la Ligue 1 avant l'ultime joute collective, débutant à 21h00. Chez le buteur, Nené et Giroud mènent la danse avec 21 entrechats chacun, devant Hazard et ses 17 petits pas.

Menons donc l'enquête sur chacune de ces rencontres, comme on le constate, les accessits pour l'Europe sont trustés par Montpellier, Paris, Lille et Lyon de façon certaine. Demeure cette fameuse cinquième place que Bordeaux, Rennes, Saint-Etienne et Toulouse convoitent...on se demande bien pourquoi, d'ailleurs, étant données leurs prestations habituellement en Europa League. Sans doute une question de gros sous, comme d'habitude.

La relégation est une réalité pour l'un des clubs emblématiques du championnat, l'AJ Auxerre, et le voisin dijonnais n'est pas loin de l'imiter. Devant, Ajaccio, Caen, Brest, Sochaux, Lorient, Nice et Valenciennes tremblent. Seuls Nancy (le club le plus ennuyeux de France), Marseille (qui a totalement raté sa saison) et Evian (grand parcours du promu) ne jouent plus rien, hors l'honneur, et la prime légèrement supérieure en fonction de leur place finale.

FC Sochaux - Olympique de Marseille : Les lionceaux restent sur deux victoires consécutives contre Nancy et à Caen. Sans Maïga, le jeune Bakambu devrait être aligné seul sur le front offensif. Il serait temps qu'enfin les fameux Boudebouz et Martin montrent la starification perpétuelle leur étant accordée, car sélectionner le meneur d'un relégué du 6ème championnat européen (nous venons de passer derrière le Portugal), cela fait bien peur....
Côté marseillais, sans N'Koulou, la défense centrale Fanni-Kaboré devrait être reconduite, entre un joueur stupide tactiquement et un non spécialiste du poste, l'opportunité est belle pour les attaquants sochaliens. Cependant, les phocéens n'ont pas encaissé de but depuis 3 rencontres.

Pronostic : Compte tenu de l'histoire des matchs Sochaux-Marseille (deux buts contre leur camp lors d'une victoire sochalienne 2-1 sous l'ère Gerets me viennent à l'esprit) et du contexte (sauve qui peut, les rats vont quitter le navire), je vois une victoire sochalienne courte, ou bien un 0-0 tout pourri. 1-0 pour Sochaux.

AJ Auxerre - Montpellier HSC : Inutile d'analyser en profondeur : les relégués auxerrois, la tête dans le sac, n'ont strictement aucune chance face au leader héraultais, à moins d'une preuve d'arrogance trop sentie, les montpelliérains l'emporteront, sans Belhanda, et seront champions, à mon grand désespoir, tant ce club, de son président à ses joueurs en passant par son coach, me sont méprisables.

Pronostic : 0-2.

ASSE - Bordeaux : Le match le plus passionnant de la journée en haut de tableau. Une victoire stéphanoise, obligatoire pour les verts, pourrait ne pas suffire, tant Rennes est proche (1 but de goal-average en moins). Des stéphanois ayant pris un maigre point sur 9 possibles, perdant donc la possibilité d'être placé avant même la toute fin de saison. Face à un Bordeaux en pleine bourre, vainqueur à 5 reprises consécutivement, je ne les vois pas créer la surprise. Seulement, les bordelais doivent aussi l'emporter, sous peine de voir revenir sur eux  les rennais.

Pronostic : J'ai eu beaucoup de mal à me décider, entre un nul bordelais solide et une victoire du scapulaire. J'opte pour cette seconde option et un 1-2 en fin de match.

Valenciennes FC - SM Caen : Le choc des froussards, entre des valenciennois ayant inscrits 3 points en 6 matchs et des caennais ayant pris un coup sur la tête contre Sochaux. Seulement voilà, un match nul m'apparaît très improbable. Parce que ces 2 équipes sont joueuses, surtout Caen, et Valenciennes s'est spécialisé dans les contre-attaques meurtrières, sachant que toute non-défaite le maintiendra.

Pronostic : Contre mon instinct premier, je mise un malheureux 1-1.

Stade Rennais - Dijon FC : L'on pourrait croire, au vu de la série de défaites cuisantes imposée aux bretons, que cette rencontre pourrait être indécise. Mais Dijon ne gagne plus, depuis 1 mois et demi, et s'enlise confortablement dans sa médiocrité au fond du classement, faisant la bise au voisin auxerrois. Je pense que les rennais vont donc réagir et gifler les insolents.

Pronostic : 3-0.

Olympique Lyonnais - OGC Nice : Des lyonnais libérés et performants à domicile détruiront sans coup férir les malheureux niçois. Pas le moindre doute sur le résultat, à moins bien sûr que les rhodaniens n'alignent une équipe-bis, auquel cas la victoire ne sera que d'un but...ou deux.

Pronostic : 3-1.

FC Lorient - Paris Saint Germain : Les merlus ont toujours réussi de gros coups au Parc, notamment lors des débuts de saison, mais cette année ils sont en danger pour la première fois depuis un moment maintenant, et les parisiens veulent croire en leur bonne étoile du côté de l'enfer de l'Est. Un oeil rivé sur le déroulement de l'autre rencontre, ils baisseront sans doute le pied lorsque Montpellier se sera imposé à la mi-temps. Malgré cela, je les vois bien mener 0-1 et mettre quelques coups bien sentis pour terminer le travail.

Pronostic : 0-1.

Lille OSC - AS Nancy Lorraine : Suite à leur coup d'arrêt à Montpellier les privant définitivement de titre et de Groupes de LDC immédiats, les lillois sont en vacances. Contre une équipe nancéenne n'en ayant également strictement rien à cogner, je crois malgré tout qu'ils sauront s'imposer pour bien finir devant leur public, pour la dernière d'Eden Hazard. Je n'arrive décidément pas à intégrer que Nancy soit si haut...

Pronostic : 3-1.

Evian TG - Stade Brestois : Ah...Bien malin celui qui saurait prédire avec exactitude le résultat. Certes, les savoyards sont au chaud à leur place, scrutant avec intérêt les bonnes affaires suivant l'identité des relégués. Mais, à domicile, je pense qu'ils sauront proposer un dernier spectacle de qualité, contre des finistériens ne devant pour l'heure leur maintien qu'au goal-average. Alors, je ne sais pas. Enorme point d'interrogation, et je parierais donc sur...sur...aller, Evian !

Pronostic : 2-1.

Toulouse - Ajaccio : Bon, les toulousains n'en colleront pas six, seul moyen pour eux de dépasser leurs concurrents si et seulement si Bordeaux est tenu en échec. Mais ils essaieront, du moins le pensé-je. Alors une large victoire face à des corses en perdition est envisageable, d'autant que ces derniers manquent de tranchant hors de leurs bases.

Pronostic : 4-1.

Et donc, à l'aide de l'application Eurosport, le résultat de ma simulation (ne prendre en compte que les places, pas le goal-average) :

Cl.     Equipe Pts J G N P bp bc Diff
1
= Montpellier HSC 82 38 25 7 6 67 33 34
2
= Paris Saint-Germain 79 38 23 10 5 74 40 34
3
= Lille OSC 74 38 21 11 6 69 38 31
4
= Olympique Lyonnais 67 38 20 7 11 62 47 15
5
= FC Girondins de Bordeaux 61 38 16 13 9 51 39 12
6
+1 Stade Rennais FC 60 38 17 9 12 49 44 5
7
+1 Toulouse FC 59 38 16 11 11 38 32 6
8
-2 AS Saint-Etienne 57 38 16 9 13 47 43 4
9
= Evian TG FC 53 38 14 11 13 55 54 1
10
= Olympique de Marseille 48 38 12 12 14 45 41 4
11
= AS Nancy Lorraine 45 38 11 12 15 37 45 -8
12
+3 FC Sochaux-Montbeliard 42 38 11 9 18 40 60 -20
13
-1 Valenciennes FC 41 38 11 8 19 37 49 -12
14
-1 OGC Nice 39 38 9 12 17 35 44 -9
15
-1 FC Lorient 39 38 9 12 17 34 48 -14
16
+1 SM Caen 39 38 9 12 17 38 56 -18
17
-1 Stade Brestois 38 38 7 17 14 30 39 -9
18
= AC Ajaccio 38 38 8 14 16 38 62 -24
19
= Dijon FCO 36 38 9 9 20 38 59 -21
20
= AJ Auxerre 34 38 7 13 18 45 56 -11

Tout s'est joué à la journée précédente, à mes yeux, et sincèrement, les trois relégués méritent leur situation au vu du jeu proposé, tout comme le finish bordelais doit leur octroyer cette 5ème place. Mais qui sait, Rennes pourrait bien la leur chiper. Plus de suspense en haut qu'en bas...

Lequel choiera le premier ?


samedi 19 mai 2012

Destins croisés



Aujourd'hui est un bien triste jour pour les amateurs de football, qu'ils soient hommes de passion ou de raison, d'attaque à tout va ou de défense solide et solidaire. Car ce Chelsea qui l'a emporté, ce Chelsea-là insulte la mémoire de ces monuments italiens que sont l'Inter et la Nazionale, ces titans défensifs qu'étaient et sont Sacchi et Mourinho, le pauvre portugais voit un compatriote faire mieux qu'il n'a jamais pu avec les Blues, via une tactique misérable, qu'un enfant de 10 ans aurait pu réfuter sur le papier. Une chance insolente, une maladresse perpétuelle et coupable des bavarois a séparé le veule de son châtiment, pour l'élever au panthéon. Quant aux hommes de peu qui célèbrent Drogba, ceux-là même qui le condamnaient lorsqu'il hurlait, de désespoir "That's a fucking disgrace !", je ne les évoquerais pas davantage.

Entendez-moi bien : les bavarois ne méritaient pas davantage cette finale. A ce niveau de la compétition, ne pas savoir finir de manière convaincante est un vice passible de rouge au front. L'on a bien vu ce qu'il en a été avec Schweinsteiger. Sans doute les hôtes de la soirée ont-il fait preuve de suffisance, d'orgueil du favori dans un match leur étant promis. Rien n'est jamais facile, comme l'a si bien dit Milton Friedman, une telle chose qu'un repas gratuit n'existe pas. Car hormis cette frappe de Robben échouant sur le poteau de Cech, jamais les munichois n'ont véritablement manqué de réussite. Bien plus que cela, ils ont manqué de talent dans le dernier geste, de concentration, de cette chose qui sépare le champion de son vaincu, David de Goliath, le nain du géant. Le titan ici ne mérite que l'abysse du tartare pourtant.

Laissons là désormais ces cris du coeur, de haine pour un échec tactique devenu par chance victoire de prestige, et analysons les raisons qu'elle-même ne veut connaître.

J'avais prédit exactement la composition du Bayern, affirmant néanmoins que Van Buyten aurait du prévaloir sur Tymoschuk, pour avancer davantage Kroos. Au vu du match de l'ukrainien et de celui du belge entré en jeu, j'admets humblement qu'Heynckes vit plus juste. En revanche, les changements opérés en toute fin de match, alors que Müller vient de célébrer sa réussite, me semblent aberrants. L'allemand était le meilleur joueur sur le terrain, et nul doute qu'il aurait pu peser, y compris lors de la séance de tirs au but. Car si Olic n'échoue pas, je pense que le trophée serait allé au Bayern.

Côté Chelsea, en revanche, que d'errements, tactiquement, au vu de la prestation indigeste offerte par cette équipe. Qu'une équipe joue le contre, patiemment, et soit dominée, soit. Mais que cela soit fait dans les règles de l'art qu'est la maîtrise du jeu adverse. Ainsi, ne pas s'appuyer sur ce titan destructeur-relanceur qu'est Essien est une hérésie, et à de nombreuses reprises Müller et Kroos, qui auraient été dans sa zone, ont pu calmement assurer leurs passes aux 30 mètres adverses. Mikel, clairement plus avancé, moins formé au marquage strict, fut bon dans son rôle habituel, insuffisant étant donné l'enjeu. Bien souvent les milieux blues furent trompés dans leur dos. Et lorsqu'ils s'avancèrent pour intercepter, les ballons passant les mailles permirent à Robben et Ribéry de percer, systématiquement, avalant l'espace laissé libre avant de défier aux abords de la surface leurs vis-a-vis bien pâles. Purs individualistes, ils ne centrèrent pas souvent, mais se procurèrent des occasions par et pour eux-mêmes. Le but munichois, incidemment, vient d'une des rares centres au second poteau...

En somme, lorsqu'une mauvaise attaque rencontre une piètre défense, le résultat est un goût d'inachevé, âpre, de bile qu'il faudra pourtant digérer coûte que coûte, l'histoire du retour des choses pour un club maudit jusqu'alors en Ligue des Champions, durant sa courte quête du trophée, de Moscou à Barcelone pour enfin "briller" à Munich, d'une séance de tirs au but perdue par Terry et Anelka à cette victoire soufflée à Neuer et Schweinsteiger. L'écume pourtant engloutira ce souvenir, et les larmes salées qui coulent dans nos coeurs sècheront et cicatriseront, car, il faut s'en convaincre, le talent l'emporte plus souvent qu'à son tour. Qu'il soit, encore une fois, le joga bonito, le toqué, le catenaccio ou le kick and rush. Toute tactique, toute approche a ses mérites, ses richesses. Si encore ses fondamentaux sont respectés. Sous peine de voir des tâcherons comme ce soir devenir rois...

Un mot sur Drogba. Si ce joueur venait à récolter un trophée individuel quelconque, cela serait insulter Diego Milito non nominé au Ballon d'Or après son doublé en finale contre ce même Bayern, et ce Zidane de 2002 coupable de son humeur. Car l'ivoirien n'est pas un grand joueur, loin s'en faut. Un grand joueur n'est pas un chasseur de buts à la petite semaine distribuant les coups comme le diable les piques, il est aussi intègre, correct avec sa sélection, et surtout décisif à tout instant, sans tricher, avec honneur et courage. Ce joueur qui se roule dans la bout au moindre contact malgré son mètre 90 et 80 kilos, ce colosse pleurnicheur et parfois bien violent n'est pas de ceux-là. Il est un pleutre sans morale autre que la sienne, un Valbuena du milliardaire qu'est Abramovich, dont l'admiration française est issue à la fois de sa brève période marseillaise et d'une inspiration post-coloniale nauséabonde pour les ivoiriens. Je n'irai pas plus avant concernant cet homme.

Il semblerait par ailleurs que la blessure de Ribéry ne soit pas incapacitante à long terme. Hélas, dix de der et dame fortune, vous auriez pu m'offrir cela...


Saint-Louis aura sacré Hikaru Nakamura, expéditif face au pauvre Seirawan, dans une Française bien étrange avec 2-f4 et un développement peu évident. Au final, une trentaine de coups auront suffit à garantir le titre au Samouraï, quand Kamsky bataillait encore Hess pour, sans regrets, concéder un ultime demi-point. Avec un point d'avance, Nakamura a démontré sa force supérieure Outre-Atlantique, flirtant avec la sixième place mondiale de Teimour Radjabov. C'est amplement mérité pour ce joueur ultra-combatif et toujours inspiré, bien que, semblerait-il, jamais satisfait. Qu'on se le dise, c'est la marque des grands !

Chez les femmes, un match de départage demain sera nécessaire entre Irina Krush et Anna Zatonskih, suite à leurs victoires respectives. L'occasion avec le déroulement du championnat de France féminin de parties rapides de faire un petit pamphlet sur le concept même d'échecs féminins. Comme vous vous en doutez, je ne saurais m'en priver...polémique tentatrice, femme fatale du journaliste, quand tu nous tiens !

En attendant demain, portez-vous bien !

A l'orée du couronnement

Tout premier post regroupant échecs et football aujourd'hui, à l'occasion de la finale de la Ligue des Champions opposant le Bayern Munich au Chelsea FC et la dernière ronde du championnat des Etats-Unis ce soir. Suivre les deux évènements simultanément sera une gageure, ce d'autant plus en cas de prolongations à Munich...

Car, rappelons-le, les bavarois évolueront à domicile, première fois depuis Rome en 1984 en Ligue des Champions, l'Europa League (alors Coupe UEFA) ayant vu le Sporting Lisbonne échouer au Stadio José Alvaladé face au CSKA Moscou en 2005. Les romains s'étaient également inclinés, aux tirs au but. Les statistiques ne sont donc pas favorables aux munichois concernant ce critère.

Les deux équipes furent frustrées récemment dans cette compétition : le Bayern perdant devant l'invincible Inter de Mourinho, Chelsea échouant aux tirs au but face à Man Utd (nous remercierons au passage l'aimable entraîneur-joueur d'un club chinois) puis en demi-finale contre Barcelone suite à un arbitrage très discutable au retour de M.Ovrebo. 

Étudions donc les forces en présence, en débutant par les hôtes de la soirée :

Alaba, Badstuber et Luis Gustavo sont suspendus. La défense centrale est donc clairement en question, l'allemand étant sans doute le meilleur stoppeur de la saison pour les bavarois. Une charnière Boateng-Van Buyten semble probable, à moins de faire reculer Tymoschuk, tant le belge n'est plus une garantie de sécurité. A gauche, Contento devrait remplacer Alaba, à moins que Rafinha ne soit aligné faux-pied, je ne pense pas qu'il en sera ainsi. Ou encore Lahm à gauche et Rafinha à droite. Improbable là encore.

En revanche, l'absence de Luis Gustavo force Heynckes à trancher entre deux approches : conserver une formation à deux médians et un meneur (le jeune Toni Kroos, révélation de l'année), remplaçant donc Gustavo par Tymoschuk (lequel ne pourrait alors dépanner en défense centrale) aux côtés de Schweinsteiger ou un changement tactique drastique, reculant Kroos, et alignant deux pointes (Müller et Gomez) ou un autre meneur (Müller me semble l'option la moins inconsistante avec l'état d'esprit offensif bavarois).

Les habituels Robbery devront dynamiter les ailes, un Gomez renaissant cette saison devant réceptionner les rares centres qu'ils lui adresseront (d'où ma préférence pour un Kroos plus avancé), et Müller semblant pouvoir évoluer à tous les postes offensifs devrait voyager comme à son habitude.
La force de frappe bavaroise est donc évidente, mais leur défense extrêmement affaiblie pourrait coûter cher face au réalisme adverse, d'autant plus compte tenu de la récente débâcle face à Dortmund (5-2) avec un Neuer loin de sa forme habituelle.

Opérons à la même analyse concernant Chelsea :

Terry, Ivanovic, Ramires et Meireles sont suspendus. A l'instar des munichois, les londoniens doivent repenser leur axe défensif, Cahill étant disponible, David Luiz revenant de blessure devrait pouvoir participer à la fête. Pour être honnête, l'absence du capitaine anglais dans ces circonstances est une bénédiction à mes yeux chez les Blues. A droite, Bosingwa, option résolument plus offensive, devra être aligné, le jeune Hutchinson étant encore trop tendre pour un tel évènement. Ashley Cole à gauche ne souffre aucune discussion.

Le milieu doit être entièrement repensé suite aux absences conjugués du meilleur joueur de la compétition pour les Blues (Ramires) et son compère de l'axe Meireles. Essien sera posté à son traditionnel rôle de "casseur amélioré", devant lui je mettrais une pièce sur Obi Mikel aux côtés de Lampard.

Je ne vois pas Di Matteo dévier de sa traditionnelle stratégie à une pointe (Drogba), les ailes verront donc déferler Mata et...Malouda ? Sturridge ? Bertrand ? Difficile à dire. Je parierais volontiers sur la présence d'un des jeunes anglais au coup d'envoi.

Au final, Chelsea me paraît nettement moins affaibli par ses absences que son hôte bavarois, la faiblesse défensive de chacun étant évidente (le 4-1 à Liverpool de Chelsea doit être rappelé) et favorisant donc l'équipe plus offensive qu'est le Bayern. Robben-Ribéry contre Bosingwa-Cole sera une opposition à suivre, ainsi que le marquage d'Essien sans doute individuel sur Kroos. Contrairement à la majorité des conclusions affirmées par les spécialistes, je prévois un match complexe, au sein duquel plusieurs buts (au minimum 3) seront inscrits, et sans doute des prolongations. Bon, si le Bayern l'emporte 4-0 au bout de 30 minutes, je saurais à quoi m'en tenir concernant les paris sportifs...

Le héros de la veille aux Etats-Unis est donc Hikaru Nakamura, vainqueur convaincant avec les noirs d'un Kamsky un peu trop enclin à la défense d'un demi-point lui garantissant au minimum les départages (ceci pouvant être mis en rapport avec la mort des "bétonneurs" décrite dans l'article précédent). Dans une Najdorf avec a4, le Samouraï joua e5, considéré comme inférieur par les spécialistes, pour réhabiliter totalement la variante contre un des meilleurs stratèges au monde, par un rapide développement contre le fou de cases blanches adverses, lequel voyagea de c4 à b3 pour revenir en d5 dans un court laps de coups. La contre-attaque enclenchée par Kamsky en désespoir de cause à l'aile-roi (l'aile-dame devant être dévorée suite à une nouvelle retraite du malheureux fou) avait la faveur des ordinateurs pourtant, et sagement "Naka" se contenta d'un pion rapatria un fou h6 potentiellement en difficulté, pour transposer dans une finale avec une qualité de plus pour un pion, mais des cavaliers blancs virevoltant tant et si bien qu'ils auraient dû garantir la nulle salvatrice à son adversaire. Las, ce dernier, en manque de temps, ne fit pas preuve de la plus grande précision, à la surprise générale Nakamura le "technifia" pour remporter virtuellement ce championnat, devant affronter un Seirawan en perdition avec les blancs, là où Kamsky avec les noirs devra à tout prix vaincre Hess. Je ne le vois pas échouer si près du but, mais suivrais le déroulement des évènements malgré tout, sait-on jamais...Les rapides de départage devant se dérouler demain en cas d'égalité, avec pour l'heure donc ce fameux demi-point d'avance pour un Nakamura très déçu du déroulement de son tournoi (?!). A croire que l'ogre ne se satisfait pas d'un score non parfait, citant deux parties notamment (Ramirez, Lenderman) qu'il aurait dû remporter à ses dires. Difficile de lui donner tort, mais tout de même, invaincu avec +5, potentiel numéro 6 mondial, l'existence pourrait être plus cruelle...

Belle soirée en perspective !

vendredi 18 mai 2012

Idées et valeurs d'une guerre froide échiquéenne

A l'heure d'une nouvelle nulle indigeste de la part des protagonistes du championnat du monde se tenant à Moscou, il faut porter une réflexion sur les deux principales écoles de pensée animant actuellement la volonté des tous meilleurs pratiquants du jeu. Une telle idée m'est venue de la simultanéité entre le match opposant Anand à Gelfand et le championnat des Etats-Unis, les éléments de réponse apportés par Ben Finegold et Jennifer Shahade lorsque cette question leur fut posée ne m'ayant que partiellement satisfaits.

Commençons par détailler la ronde d'hier outre-Atlantique : le premier choc vint de la défaite cinglante infligée par Gata Kamsky à Yasser Seirawan dans une Caro-Kahn 3-Cc3 avec roques opposés. Le co-favori de l'épreuve pulvérisa par une préparation maison le malheureux vétéran, sacrifiant sans ciller un fou en h6, pour capturer la dame adverse, le mat suivant s'il n'en avait été ainsi. Quelques coups précis permirent à Kamsky de signer une victoire express, laquelle, aux dires de son adversaire, n'aurait pas dû survenir, étant rentré dans une variante qu'il savait perdante, mais s'en rappelant trop tard. La pression était donc sur Nakamura, lequel ne sut prendre l'avantage face à Lenderman, malgré un acharnement héroïque d'une centaine de coups, il échoua sur une défense parfaite ou presque de son adversaire, malgré un égarement réciproque à l'orée du crépuscule. Lenderman aura donc bel et bien joué un rôle dans la course au titre, aujourd'hui signant l'affrontement entre les 2 monstres du tournoi, les noirs au poursuivant. Malgré ce désavantage, je mets une pièce sur le Samouraï.

Et donc, il est temps d'analyser cette situation voyant de magnifiques parties se dérouler à Saint-Louis, pour une seule décente à Moscou. Alors, guerre idéologique entre Orient et Occident ?

Avant d'élargir ce point de vue, admettons les différences notables de déroulement de ces 2 championnats :
Un tournoi fermé contre un match, le second, recouvrant davantage d'enjeu, peut crisper les belligérants. A cet argument, j'oppose les combats homériques ayant opposé Anand à Kramnik et Topalov. L'on ne peut guère affirmer que le spectacle n'ait pas été au rendez-vous. La faiblesse relative de Gelfand est donc sans doute en cause, ajoutée à la démarche conservative de l'indien. A noter que ce dernier n'est plus le souverain des grands tournois comme il le fut à une période encore récente. La pré-retraite du champion doit être considérée, jamais un championnat du monde n'ayant vu s'affronter deux quadragénaires depuis Botvinnik-Smyslov.

Admettons. Pourtant Kamsky n'est certainement pas un second couteau, approximativement du même âge qu'Anand, il ose et crée, sans risquer grand chose pour autant. Ce n'est pas un degré de maîtrise supérieur qui est à l'oeuvre, assurément. Alors quoi ?

Historiquement, les grands champions soviétiques, hommes du système n'étaient pas de purs attaquants, mais construisaient patiemment leurs victoires, témoin la fameuse phrase de Botvinnik, après avoir "remporté" deux fois le titre par un score de 12-12 : "Je suis le meilleur parmi mes égaux". Ou quand le respect mène à une prudence excessive. Il le paiera contre Tal, avant de corriger l'insolent.

Botvinnik, Smyslov, Karpov appartiennent clairement à ce style que je nommerais, sans aucun jugement de valeur, prolétarien, ne sous-entendant aucune noblesse supérieure de l'adversaire, mais une prise de risque, une transcendance, que je ne peux reconnaître, admirant malgré tout ces grands joueurs. De Tal à Topalov en passant par Spassky et Korchnoï et le plus grand d'entre eux, Kasparov, les dissidents ont proposé autre chose, une autre approche, plus "capitaliste", l'amour du résultat, le goût du risque, que les puristes tels que Botvinnik (encore lui !) a comparé à des joueurs de poker, au sens aléatoire du terme. La lutte était donc interne à l'URSS en premier lieu. Ajoutons Fischer, le fer de lance occidental, et la voici internationalisée.

L'instinct de conservation provoquée par le mode de vie soviétique a certainement incité à une telle mentalité de réussite raisonnable, de "contrôle total". Pourtant, lorsque le mirage URSS s'évapora, il demeura des adeptes d'une telle pensée, mais diluée dans un orgueil hérité de l'Occident vainqueur. Le contrôle total devint "style universel" propagé par Kramnik et Svidler, et repris à leur compte par Leko au début de sa carrière notamment, Grischuk et donc Anand lorsque le poids des ans fit s'affaisser sa grandeur. Le public amateur, prompt à s'enthousiasmer pour le spectacle qu'il nomme dès lors le Vrai (Vrai Football pour le FC Barcelone face à l'Inter de Mourinho par exemple), a préféré l'autre race de champions, nés des chercheurs d'or et autres entrepreneurs, individualistes, canalisant dans leur fierté la faculté à tout tenter, encore et encore, progressant de leurs écueils. Ainsi aujourd'hui avons-nous Ivanchuk, Morozevich (pourtant tous deux ex-soviétiques, le premier, ukrainien, étant "dissident", le second aussi jeune que Kramnik mais ayant suivi un autre chemin, à l'inverse des Jakovenko, Nepomniatchi, Alekseev...), Carlsen, Nakamura, et Aronian à une moindre mesure, ainsi que Mamedyarov, Radjabov et Gashimov. Certains facteurs, à mes yeux, ont transformé la prudence en attentisme chez les "prolétariens".

La mort des ajournements, l'accroissement de la vitesse de jeu, les préparations assistées par ordinateur ont incité nombre de ceux-là à solidifier encore leur répertoire, s'assurant contre d'éventuelles mauvaises surprises, telles que celles réservées par Topalov et son artificier en chef Cheparinov. Il est à observer que la tendance lors d'oppositions de styles évidentes est aux "capitalistes", Carlsen et Karjakin en tête (le second étant un cas bien précis, sa garantie de solidité étant traduite par les lignes de son ordinateur et sa prodigieuse vitesse de calcul). Ces facteurs ont brisé l'équilibre fragile permettant aux deux classes de survivre. L'une, idéologiquement, l'a emporté, et devrait balayer pour l'heure les plus scientifiques d'entre ces grands talents (car le talent n'est pas moindre, même si moins perceptible, pour un joueur moins entreprenant  , la comparaison ne peut s'opérer tant la différence d'être est importante).

Avant de nous enthousiasmer de la mort de ces idoles de construction raisonnée, réfléchissons aux conséquences à venir : l'agressivité aux échecs était-elle l'unique critère acceptable ? Ne peut-on apprécier ces bâtisseurs calmes et puissants tels que Kamsky (hors hier) ou Kramnik, lorsqu'il entend tenter de gagner ? Est-ce le style ou la volonté qu'il faut condamner ? Prenons garde, car de telles considérations ont provoqué cette aberration qu'est l'interdiction de proposer nulle, provoquant des mascarades bien plus répréhensibles que la "maladie" originelle. Celui qui exige du spectacle de joueurs professionnels d'échecs n'a qu'à aller au cirque, car à forcer la nature de la raison, on obtient des clowneries bien tristes...

Ce post n'est certainement pas exhaustif, tant les interprétations et réflexions relatives au débat primaire "tacticiens contre stratèges" sont nombreuses. Que les rares hommes (ou femmes) assez courageux pour lire l'entier contenu de celle présente ici ait l'amabilité de me faire part des leurs ! :)