samedi 19 mai 2012

A l'orée du couronnement

Tout premier post regroupant échecs et football aujourd'hui, à l'occasion de la finale de la Ligue des Champions opposant le Bayern Munich au Chelsea FC et la dernière ronde du championnat des Etats-Unis ce soir. Suivre les deux évènements simultanément sera une gageure, ce d'autant plus en cas de prolongations à Munich...

Car, rappelons-le, les bavarois évolueront à domicile, première fois depuis Rome en 1984 en Ligue des Champions, l'Europa League (alors Coupe UEFA) ayant vu le Sporting Lisbonne échouer au Stadio José Alvaladé face au CSKA Moscou en 2005. Les romains s'étaient également inclinés, aux tirs au but. Les statistiques ne sont donc pas favorables aux munichois concernant ce critère.

Les deux équipes furent frustrées récemment dans cette compétition : le Bayern perdant devant l'invincible Inter de Mourinho, Chelsea échouant aux tirs au but face à Man Utd (nous remercierons au passage l'aimable entraîneur-joueur d'un club chinois) puis en demi-finale contre Barcelone suite à un arbitrage très discutable au retour de M.Ovrebo. 

Étudions donc les forces en présence, en débutant par les hôtes de la soirée :

Alaba, Badstuber et Luis Gustavo sont suspendus. La défense centrale est donc clairement en question, l'allemand étant sans doute le meilleur stoppeur de la saison pour les bavarois. Une charnière Boateng-Van Buyten semble probable, à moins de faire reculer Tymoschuk, tant le belge n'est plus une garantie de sécurité. A gauche, Contento devrait remplacer Alaba, à moins que Rafinha ne soit aligné faux-pied, je ne pense pas qu'il en sera ainsi. Ou encore Lahm à gauche et Rafinha à droite. Improbable là encore.

En revanche, l'absence de Luis Gustavo force Heynckes à trancher entre deux approches : conserver une formation à deux médians et un meneur (le jeune Toni Kroos, révélation de l'année), remplaçant donc Gustavo par Tymoschuk (lequel ne pourrait alors dépanner en défense centrale) aux côtés de Schweinsteiger ou un changement tactique drastique, reculant Kroos, et alignant deux pointes (Müller et Gomez) ou un autre meneur (Müller me semble l'option la moins inconsistante avec l'état d'esprit offensif bavarois).

Les habituels Robbery devront dynamiter les ailes, un Gomez renaissant cette saison devant réceptionner les rares centres qu'ils lui adresseront (d'où ma préférence pour un Kroos plus avancé), et Müller semblant pouvoir évoluer à tous les postes offensifs devrait voyager comme à son habitude.
La force de frappe bavaroise est donc évidente, mais leur défense extrêmement affaiblie pourrait coûter cher face au réalisme adverse, d'autant plus compte tenu de la récente débâcle face à Dortmund (5-2) avec un Neuer loin de sa forme habituelle.

Opérons à la même analyse concernant Chelsea :

Terry, Ivanovic, Ramires et Meireles sont suspendus. A l'instar des munichois, les londoniens doivent repenser leur axe défensif, Cahill étant disponible, David Luiz revenant de blessure devrait pouvoir participer à la fête. Pour être honnête, l'absence du capitaine anglais dans ces circonstances est une bénédiction à mes yeux chez les Blues. A droite, Bosingwa, option résolument plus offensive, devra être aligné, le jeune Hutchinson étant encore trop tendre pour un tel évènement. Ashley Cole à gauche ne souffre aucune discussion.

Le milieu doit être entièrement repensé suite aux absences conjugués du meilleur joueur de la compétition pour les Blues (Ramires) et son compère de l'axe Meireles. Essien sera posté à son traditionnel rôle de "casseur amélioré", devant lui je mettrais une pièce sur Obi Mikel aux côtés de Lampard.

Je ne vois pas Di Matteo dévier de sa traditionnelle stratégie à une pointe (Drogba), les ailes verront donc déferler Mata et...Malouda ? Sturridge ? Bertrand ? Difficile à dire. Je parierais volontiers sur la présence d'un des jeunes anglais au coup d'envoi.

Au final, Chelsea me paraît nettement moins affaibli par ses absences que son hôte bavarois, la faiblesse défensive de chacun étant évidente (le 4-1 à Liverpool de Chelsea doit être rappelé) et favorisant donc l'équipe plus offensive qu'est le Bayern. Robben-Ribéry contre Bosingwa-Cole sera une opposition à suivre, ainsi que le marquage d'Essien sans doute individuel sur Kroos. Contrairement à la majorité des conclusions affirmées par les spécialistes, je prévois un match complexe, au sein duquel plusieurs buts (au minimum 3) seront inscrits, et sans doute des prolongations. Bon, si le Bayern l'emporte 4-0 au bout de 30 minutes, je saurais à quoi m'en tenir concernant les paris sportifs...

Le héros de la veille aux Etats-Unis est donc Hikaru Nakamura, vainqueur convaincant avec les noirs d'un Kamsky un peu trop enclin à la défense d'un demi-point lui garantissant au minimum les départages (ceci pouvant être mis en rapport avec la mort des "bétonneurs" décrite dans l'article précédent). Dans une Najdorf avec a4, le Samouraï joua e5, considéré comme inférieur par les spécialistes, pour réhabiliter totalement la variante contre un des meilleurs stratèges au monde, par un rapide développement contre le fou de cases blanches adverses, lequel voyagea de c4 à b3 pour revenir en d5 dans un court laps de coups. La contre-attaque enclenchée par Kamsky en désespoir de cause à l'aile-roi (l'aile-dame devant être dévorée suite à une nouvelle retraite du malheureux fou) avait la faveur des ordinateurs pourtant, et sagement "Naka" se contenta d'un pion rapatria un fou h6 potentiellement en difficulté, pour transposer dans une finale avec une qualité de plus pour un pion, mais des cavaliers blancs virevoltant tant et si bien qu'ils auraient dû garantir la nulle salvatrice à son adversaire. Las, ce dernier, en manque de temps, ne fit pas preuve de la plus grande précision, à la surprise générale Nakamura le "technifia" pour remporter virtuellement ce championnat, devant affronter un Seirawan en perdition avec les blancs, là où Kamsky avec les noirs devra à tout prix vaincre Hess. Je ne le vois pas échouer si près du but, mais suivrais le déroulement des évènements malgré tout, sait-on jamais...Les rapides de départage devant se dérouler demain en cas d'égalité, avec pour l'heure donc ce fameux demi-point d'avance pour un Nakamura très déçu du déroulement de son tournoi (?!). A croire que l'ogre ne se satisfait pas d'un score non parfait, citant deux parties notamment (Ramirez, Lenderman) qu'il aurait dû remporter à ses dires. Difficile de lui donner tort, mais tout de même, invaincu avec +5, potentiel numéro 6 mondial, l'existence pourrait être plus cruelle...

Belle soirée en perspective !

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