mercredi 16 mai 2012

La loi du plus fort

Comme promis, retour sur les évènements échiquéens de la veille, à commencer par le championnat du monde opposant Anand à Gelfand.

L'indien, avec les noirs, rejoua sa surprenante semi-slave, entrant dans une variante à la mode, jouée notamment à plusieurs reprises au championnat des Etats-Unis, obtenant rapidement l'égalité, chaque joueur dévorant le pion d isolé de l'autre, pour que les pièces s'échangent une par une, l'israélien insistant brièvement dans une finale Tour+Fou contre Tour+Cavalier avec structure légèrement favorable. Mes convictions demeurent : la première victoire d'Anand sonnera le glas de son adversaire, peut-être surviendra-t-elle dès demain, aujourd'hui étant jour de trêve pour les deux guerriers.

L'image s'impose pour Gregory Kaidanov, victime d'une arnaque ignoble de la part d'Alejandro Ramirez, auteur auparavant d'une brillante attaque, mais s'écroulant dans le zeitnot, devant céder la qualité, à noter la superbe défense Tg3-g8 de Kaidanov avec les noirs. La première tour était donc tombée pour Alejandro, mais il était dit qu'elle ne vient jamais seule, ainsi le débilitant a8=D suivi de l'enfilade par Ff3+ (le roi noir étant en e4, la tour précédemment en a2 prévenait son arrivée...) fit se déliter l'expression traditionnellement posée du second "vieillard" du tournoi. Son obstination dans la finale résultante Dame+Fou contre 2 pions faisait véritablement peine à voir. Les échecs sont un jeu cruel, définitivement.

Chez les leaders, Nakamura ne put briser la muraille Shulman, excellent défenseur avec un pion de moins dans une finale à matériel réduit, et doit donc partager la première place avec le champion en titre Kamsky, vainqueur "à la dure" de Stripunsky, les deux joueurs ayant eu les blancs. Il reste 4 rondes, et ils ne se sont pas encore affrontés...Lenderman pouvant jouer le rôle d'arbitre entre eux.

Dans les autres parties, Seirawan éteint bien vite les quelques flammèches offensives de Lenderman, joueur à moins de 2700 le plus impressionnant du tournoi, pour annuler solidement, Akobian technifie Hess et Robson manque d'y parvenir également face à Onischuk, dans une finale de tours avec un pion de plus.

 Parlons un peu des femmes, l'occasion de saluer à nouveau un spectacle toujours présent, imparfait, certes, mais toujours plaisant. Témoin la nulle entre Irina Krush et Rusudan Goletiani, unique résultat non décisif de la ronde, la co-favorite de l'épreuve ne s'échappant que miraculeusement après un b4 très osé. Anna Zatonskih en profite pour recoller en vainquant Irina Zenyuk, et le chemin de croix se poursuit pour Camilla Baginskaite, pourtant sensée bousculer la hiérarchie au début du tournoi. Avec 0,5 sur 6, elle ne peut que faire frémir le plancher...

Chez les vikings, la surprise du tournoi Grandelius ne peut s'interposer entre Caruana et sa victoire promise, avec les noirs la tâche était trop ardue, il faudra désormais se remobiliser pour vaincre Tikkanen, auteur d'une belle victoire contre l'hyper-préparé Li Chao, l'italien terminant son tournoi contre Johnny Hector, lequel ne devrait hélas pas peser bien lourd malgré son style très engageant, l'instinct de conservation étant annihilé par une volonté destructrice omnipotente.

Le tournoi de la Havane en l'honneur de Capablanca s'est achevée la nuit dernière, Ivanchuk l'emporte en concluant rapidement la parité face à Laznicka avec les blancs, alors que Nepomniatchi était vaincu par Dominguez. La double victoire de l'ukrainien contre le cubain aura donc pesée lourd dans la balance, ce dernier n'échouant qu'à un point. Potkin, Quezada et Laznicka terminent sous la ligne de flottaison.

Au final, les favoris (Anand, Kamsky, Zatonskih Caruana, Ivanchuk) se portent toujours aussi bien, merci pour eux. En attendant la suite, hormis pour Cuba...

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