mercredi 23 mai 2012

Le retour du patron ?

Voici la forteresse noire dont Gelfand a tenté d'expugner le champion en titre. Pourtant, dans l'ouverture, l'indien encore imprécis était en danger face à la paire de fous du challenger, lequel s'est précipité, par "excès de prosaïsme" dirons-nous, sur l'échange de Tour et Cavalier pour une Dame finalement bien impuissante à apporter de nouveau le leadership dont l'israélien a si cruellement besoin. En conservant les pièces plutôt que se ruer par c5, Gelfand avait tout le temps de mettre en valeur ses deux pions c et d dans une Nimzo-Indienne bien négociée de sa part, et bien rare de la part d'Anand, en mal de plan défini et d'une symbiose de ses figures en conséquence. Finalement, une nulle assez tranquille pour l'indien, lequel disposera à 2 reprises des blancs pour les 3 dernières parties. Peut-être, sans doute, l'heure de la curée...

Revenons sur la partie d'avant-hier, dont je n'ai pas fait état précédemment. Mené d'un point, le probable retraité en cas d'issue défavorable n'a pas semblé faire grand chose pour provoquer une victoire-éclair dont il fut pourtant bénéficiaire, dans un nouveau système avec f3, lequel lui avait offert ses meilleures chances de gain dans la 3ème partie. Troquant pour Grünfeld Est-Indienne, Gelfand offrit très rapidement le point entier, manquant de précision dans la contention de l'initiative adverse (laquelle fut développée par un bon plan et une manœuvre importante dans cette variante par Cec3, délayant le mouvement de son comparse équestre), et, de manière très surprenante, perdit la dame (en réalité au minimum une pièce, laquelle aurait fait penché une balance sur laquelle une qualité supplémentaire pour le challenger trônait), par l'enfermement fort classique Df2 avec sa rivale noire en h1. Déconfiture pour le héros de la veille, lequel n'a pas tenu la pression inhérente à un tel évènement. Le match avançant, la victoire d'Anand demeure de mon côté une certitude, de par le manque d'expérience du challenger en terme de championnat du monde proprement dit. Mais ce champion fragile ne sera pas longtemps roi dans ce monde de princes héritiers.

Un match en 2 parties rapides a opposé ce jour et la veille la championne du monde et future meilleure joueuse de tous les temps (il lui faudra dépasser la grande Judit Polgar pour cela, nul doute qu'un tel sacre ne traînera guère) à la GM lituanienne et ex-épouse d'Alexei Chirov Victorya Cmilyte, en Corse.
Il est bien regrettable d'observer majoritairement ces évènements au sein de l'île de Beauté, pour les nostalgiques entre autres des championnats du monde de Lyon et Belfort. Qui sait, un jour, les grands tournois français retrouveront leur superbe perdu l'on sait où...
Reprenons le cours de la rencontre. Victorieuse hier d'une partie avec les blancs extrêmement tendue, devant faire face à un sacrifice de pièce très à propos, la chinoise résista solidement pour peu à peu monter un roi blanc vaillant jusqu'au couronnement, pour finalement avoir raison de son opposant. Menée d'un point, son adversaire a tout tenté dans la phase retour, mais n'avait simplement pas les armes pour troubler une joueuse d'un autre calibre. C'est fort magnanimement que cette dernière lui accordera le partage du point avec une pièce de plus. Seuls les esprits médiocres jouissent de l'humiliation lorsque celle-ci se révèle parfaitement inutile. Bravo à la chinoise pour avoir résisté à la tentation, croisant les pas d'un Kasparov rayonnant octroyant à son sujet Vachier-Lagrave un identique denier dans des circonstances similaires. Voici donc ce dont sont capables les joueuses d'échecs, semblerait-t-il...

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